11 novembre 2022 : Saint-Memmie Aux Morts!
« Et n’oublions pas, la vie se fait dans le cœur et si l’on remplit ce cœur de haine, il n’y aura plus jamais de place pour l’amour ».
C’est par ces mots qu’Alain GIROD, secrétaire du Comité de Châlons, a clôturé sa prise de parole à Saint-Memmie, à l’issue de la cérémonie du 11 novembre.
Tout avait commencé 10 mn plus tôt, par ces mots :
« 29 août 1914
Sur le champ de bataille du col d’Anozel, dans les Vosges, un jeune soldat grièvement blessé, couvert de sang, appelle sa mère et demande un prêtre. Le rabbin Abraham BLOCH, aumônier des armées françaises, aide à relever les blessés et s’approche du jeune homme qui réclame un crucifix. Le rabbin, qui bien sûr n’en possède pas, se détourne du soldat, se met en quête de l’objet et l’apporte au blessé qu’il assiste dans ses derniers instants. Plus tard, en faisant son devoir auprès des blessés et mourants, il sera tué par un éclat d’obus.
Avril 1917
Les combats sur le Chemin des Dames font rage. En première ligne une compagnie qui monte à l’assaut est décimée, fauchée par les tirs de mitrailleuses allemandes. Dans les barbelés, le lieutenant BRESSOT râle, les deux jambes brisées. Autour de lui, gisent les cadavres des hommes qui ont franchi le parapet en même temps que lui.
L’endroit est pris en enfilade par les tirs ennemis. L’idée d’aller chercher le blessé est abandonnée.
Soudain, Alama KEITA, un grand diable de sénégalais, se débarrasse de son équipement, franchit le parapet et se glisse sous les barbelés. Faisant fi des tirs ennemis qui balaient le terrain, il poursuit sa progression, se terre, reprend son avancée pour approcher le corps de l’officier.
Une heure plus tard, harassé, il se laisse couler dans la tranchée, traînant derrière lui le corps du lieutenant qui survivra.
Octobre 1918
Sur la cote 184, près de Aure dans les Ardennes, un régiment de tirailleurs algérien se terre dans un élément de tranchée pris sous un intense bombardement.
La ligne téléphonique étant coupée, le commandant de compagnie décide de faire porter un message à l’arrière pour demander un barrage d’artillerie. Le soldat TOURNEUR, coureur de la section, un tourangeau père de 3 enfants est désigné. C’est son tour.
Il prend les consignes de l’officier et s’apprête à partir quand BENKANOUN, un petit algérien râblé et vif, se met en avant et demande à partir à sa place, prétextant que célibataire, il ne risque rien. Après réflexion, l’officier commandant accède à sa demande. Tourneur redonne le message. Après avoir échangé une poignée de main avec TOURNEUR, BENKANOUN s’éloigne. L’ordre parviendra bien à la batterie d’artillerie qui entrera en action. Mais au retour en ligne, BENKANOUN sera mortellement blessé par un éclat d’obus.
11 novembre 2022
Alors qu’à des milliers de kms d’ici, des hommes, des femmes et des enfants luttent pour leur survie et leur Liberté et en ce jour où nous commémorons le retour à la Paix de 1918, rappelons-nous ces hommes : Juifs, catholiques, musulmans et soldats venus d’Afrique noire qui, dans cette horreur de la guerre, ont partagé, en frères, des moments cruciaux de leur Destin, en faisant fi des différences de races. A leur image, Il nous faut continuer à vivre sans haine, avec nos différences d’origines, de religions et de couleurs de peau, à travailler, comme ces soldats de la Grande Guerre, pour nous et nos enfants, à entretenir cette Paix si fragile que nous tenons entre nos mains ».
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Comme chaque année la cérémonie du 11 novembre a été réhaussée par la présence des élus municipaux, des anciens combattants de l'amicale mengeotte, les militaires du SMV, les sociétés civiles, le conseil municipal des enfants et les enfants de l'école primaire Saint-Exupéry, auteur d'une très belle prestation : Marseillaise et Hymne à la vie sous la direction de Odile Nizet assistée de Pascal Roger.
Secrétaire du comité de Châlons-en-Champagne