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Lettre N°100 : Noël et la fraternisation aux armées.

Il y a 110 ans, à la Noël, des moments de fraternisation ont eu lieu sur le front entre combattants ennemis.

Le thème de la Fraternisation est cependant plus un thème mémoriel qu’historique.

L’histoire n’avait reconnu de fraternisation ni pendant la guerre de 1914-1918, ni dans celle de 1939-1945, et encore moins pendant la guerre d’Algérie.

Qui aurait pu en effet imaginer fraterniser avec les soldats nazis en 1940, et avec ceux du FLN pendant la guerre d’Algérie ?

Ceux qui fraternisaient étaient alors des déserteurs. « Fraterniser » n’est pas un terme du vocabulaire militaire, sauf lorsqu’il devient un outil pour affaiblir l’ennemi.

Le thème de la Fraternisation s’est imposé durant le quart de siècle entre la fin du XXème et le début du XXIème siècle. D’abord, par l’édition des carnets de Louis Barthas, publiés en 1977 et réédités en 1997.

Louis Barthas, militant pacifiste et socialiste, est celui qui raconte ce que furent les fraternisations de la Noël 1914 dans le Pas-de-Calais.

Et puis ce fut le film de Christian Carion en 2005, et enfin l'inauguration du monument de Neuville-Saint-Vaast par le Président de la République François Hollande en 2015.

Ce quart de siècle est aussi celui de "la fin de l’histoire", dans l'ouvrage de Francis Fukuyama, publié en 1992, qui annonçait la fin des guerres et la victoire des démocraties. C’est le temps où la Première Guerre mondiale perd son nom de victoire, pour prendre celui de boucherie. Moment passionnant que les historiens auront à étudier.

Le thème mémoriel de la Fraternisation pourrait-il s'expliquer par le contexte idéologique de la fin de l'Union Soviétique ? L'actualité nous en éloigne. Qui parle de fraternisation en Ukraine et au Proche-Orient ?

Serge BARCELLINI

Contrôleur Général des Armées (2s)
Président Général de l'association "Le Souvenir Français"

Lettre N°99 : Se nourrir au front pendant la Grande Guerre

La faim comme conséquence des guerres fait sa réapparition dans notre actualité quotidienne. Au Soudan où la guerre civile fait rage, elle oblige à d'immenses déplacements de population; à Gaza les combats cassent les chaînes d’approvisionnement ; en Ukraine, le travail agricole, qui est l'élément central de l’économie du pays, est perturbé par les combats menés par les troupes russes.

Se nourrir pendant la guerre a toujours été au centre des obligations des Etats. Qu’en a-t-il été pendant la Première Guerre mondiale ? Une guerre qui a duré près de cinq années, cinq ans où une partie importante du territoire national a été occupée, où les terres agricoles des régions du front ont été ravagées par les combats.

Se nourrir pendant la guerre, c’est d’abord nourrir les soldats, organiser l’approvisionnement et assurer la distribution aux combattants.

L’élément symbolique de ce temps des tranchées reste la roulante, qu’accueillaient, avec joie, les Poilus.

Se nourrir pendant la guerre, c’est aussi alimenter la population civile. Même si la question de la nourriture à l’arrière ne s’est pas posée en 14-18 avec autant de force que pendant l'occupation allemande de la France entre 1940 et 1944, les contraintes sont restées fortes tout au long du premier conflit mondial.

Se nourrir pendant la Grande Guerre est aujourd’hui un thème novateur de la recherche historique, comme le sont d’autres thèmes, comme celui de la fraternisation.

Nous avons choisi de l’explorer en ce mois de commémorations. 

Serge BARCELLINI

Contrôleur Général des Armées (2s)
Président Général de l'association "Le Souvenir Français"

Quête 2024

Lettre N°98 : Libération 1944

Le temps mémoriel de la Libération de la France se structure autour d’une série de quatre dates essentielles :
- Le 6 juin, le Débarquement en Normandie
- Le 15 août, le Débarquement en Provence
- Le 25 août, la Libération de Paris
- Le 23 novembre, la Libération de Strasbourg

À la fin de l’année 1944, la majeure partie du territoire français était libérée.

Alors que le 70ème anniversaire fut le temps des derniers combattants qui pouvaient dire « j’y étais », le 80ème anniversaire est le temps des derniers témoins qui peuvent dire « je les ai vus ». Le 90ème anniversaire, lui, ouvrira le temps des historiens.

Ce 80ème anniversaire pose les jalons pour le devenir de notre histoire commémorative :

  • d’abord, par la mobilisation massive des reconstituteurs. Alors qu’en 1984, les associations baptisées « d’histoire vivante » étaient encadrées, voire refusées comme ce fut le cas à Colmar par le Ministre de la Défense, elles sont aujourd’hui partout recherchées et mises à l’honneur. Les reconstituteurs remplacent désormais les militaires et les anciens combattants ;
  • ensuite, par la mobilisation des municipalités qui, partout, à l’exemple de Paris, sont devenues des actrices incontournables de la vie commémorative ;
  • enfin, par la prise en main de la politique mémorielle par la Présidence de la République.

Avec ce 80ème anniversaire, la mémoire est devenue un exceptionnel outil politique.

Face à ces évolutions, le Souvenir Français a poursuivi son action.

Il a privilégié la sauvegarde du patrimoine, en particulier les tombes des combattants de 1944 dont beaucoup sont à l’abandon. Le Souvenir Français organise chaque année, depuis le début du XXème siècle, une quête, en particulier dans les cimetières, afin de rénover et sauvegarder les tombes des combattants « Morts pour la France » à l'abandon dans nos cimetières communaux. Cette année, la quête aura lieu du 30 octobre au 3 novembre.

Alors que se déroulaient les cérémonies du 15 août, on découvrait que la nécropole nationale de Luynes, dans laquelle sont inhumés de nombreux combattants de 1944, était dans un état inacceptable.

Il s'est mobilisé pour les cérémonies locales qui sont nées de la rencontre entre les combattants, en particulier les anciens résistants, et les municipalités issues de la Libération, et dont l’avenir doit fortement nous interroger.

Il a poursuivi encore et toujours son soutien aux enseignants. C’est à eux que revient l’ardente obligation d’enseigner les pages de notre histoire et en particulier celles de la Libération. En ce 80ème anniversaire, notre slogan est plus que jamais d’actualité : « Aucun élève ne doit quitter son temps de scolarité sans avoir visité au moins un lieu de mémoire combattante ».

C’est à nous que revient la responsabilité d’épauler les enseignants en déposant des drapeaux dans les établissements scolaires et en subventionnant les voyages mémoriels.

Ce 80ème anniversaire ne doit pas être un moment de simple communication politique, il doit nous permettre de partager notre histoire commune faite de pages lumineuses et de pages d’ombres. Il doit impérativement être, en 2024 et en 2025, un moment de transmission de l'histoire combattante aux nouvelles générations.

Serge BARCELLINI

Contrôleur Général des Armées (2s)
Président Général de l'association "Le Souvenir Français"

Lettre N°97 : Les Harkis

Les Harkis sont les buttes-témoins (Personne qui certifie ou qui peut certifier ce qu'elle a vu ou entendu.) du temps de la décolonisation.

Héritiers d’une ère historique aujourd’hui disparue, ils en portent les stigmates et en sont les victimes expiatoires.

Alors qu’ils faisaient confiance à la France, ils se sentent floués.

Depuis 60 ans, ils se battent eux, leurs enfants et leurs petits-enfants pour être reconnus, sans jamais que les actes de l’État ne leur donnent satisfaction.

Et pourtant, il est nécessaire et urgent d’inscrire pleinement les Harkis, ces supplétifs de l’armée française, dans notre histoire nationale.

À la modeste place qui est la sienne, le Souvenir Français s’y emploie, en sauvegardant dans les cimetières communaux dans lesquels ont été inhumés ceux qui ont pu arriver en France après 1962, les tombes des Harkis de première génération à l’abandon. Ils ne sont pas morts pour la France mais qui peut contester qu’ils ont bien servi notre Nation ?

Un plan de sauvegarde de tombes a été défini par le Souvenir Français en partenariat avec le ministère des Armées (DMCA et ONaCVG) et la Commission nationale indépendante de reconnaissance et de réparation des préjudices subis par les Harkis, les autres personnes rapatriées d’Algérie anciennement de statut civil de droit local et les membres de leurs familles (CNIH).

Mettre en lumière nos pages d’histoire nécessite d’abord de respecter ceux qui en furent les acteurs (et quelquefois les victimes).

La France n’a pas à rougir de son histoire. La France n’a pas à cacher nos « Harkis », ils sont plus que des buttes-témoins, ils sont des acteurs de notre histoire.

Serge BARCELLINI

Contrôleur Général des Armées (2s)
Président Général de l'association "Le Souvenir Français"

Lettre N°96 : Les sportifs « Morts pour la France »

Le sport est entré dans l’histoire.

On ne compte plus les ouvrages consacrés à l’histoire du sport, ni les expositions qui présentent l’histoire d’un club ou d’une branche sportive.

L’année olympique « booste » ces nouvelles initiatives.

Le Souvenir Français n’échappe pas à cet air du temps. Le Souvenir Français, qui a accueilli pendant des années au sein de son Conseil d’Administration Pierre de Coubertin, s’inscrit pleinement dans cette année pas comme les autres.

D’abord en sollicitant une marraine : Marie-José Pérec, championne olympique, a répondu à notre invitation. Elle sera à nos côtés lors de notre Assemblée Générale des 26, 27 et 28 septembre 2024.

Ensuite, en accueillant au Souvenir Français l’exposition sur les sportifs « Morts pour la France », réalisée par l’historien Michel Merckel, et en inaugurant cette exposition en présence du Général Ostermann, Présidente des clubs sportifs de la Défense.

Enfin, en allant sur le terrain, le 14 juillet, à Villiers-sur-Marne, afin de rendre hommage à Oscar Lapize, médaillé de bronze aux Jeux Olympiques de Londres en 1908, vainqueur du Tour de France en 1910, "Mort pour la France" le 14 juillet 1917.

Donner toute leur place aux sportifs combattants, tel est aussi le rôle et l’ambition du Souvenir Français. 

Serge BARCELLINI

Contrôleur Général des Armées (2s)
Président Général de l'association "Le Souvenir Français"

Lettre N°95 : Les nouveaux acteurs de la mémoire

Hier, pour être acteur de Mémoire, il fallait avoir été acteur de l’Histoire.

Combien de ministres des anciens combattants ont dû justifier de leur CV de combattants avant de prétendre à entrer rue de Bellechasse?

Combien de sculpteurs de monuments aux morts devaient justifier de leur participation à la guerre avant de prétendre à obtenir un « marché communal »?

Il en était de même pour les dessinateurs de timbres commémoratifs.

Nous sommes aujourd’hui fort éloignés de cette fusion Histoire-Mémoire qu’ont symbolisé les anciens combattants.

Les acteurs de mémoire sont entrés dans la diversité citoyenne.

Ceux que l’on qualifie de « nouveaux acteurs de mémoire » occupent désormais le devant des cérémonies. En uniforme bleu-horizon, ou en uniforme de GI, en jeep, ou porteurs du fusil Lebel, ils occupent l’espace laissé vacant par les armées professionnelles et par les anciens combattants de moins en moins nombreux.

Pendant deux décennies, il était de « bon ton » de tenir ces étranges passionnés loin du champ mémoriel. Aujourd’hui, ils sont souvent courtisés par les municipalités qui cherchent à donner un « cachet » à leurs cérémonies.

Le Souvenir Français se veut proche de ces reconstituteurs. Il apprécie leur passion et leur connaissance historique.

Dans le guide des associations mémorielles de la Grande Guerre que diffusera prochainement le Souvenir Français, ces associations tiennent une place importante.

En ce mois de juin 2024, où les reconstituteurs arrivent sur les plages du 6 juin, nous avons tenu à les placer sous le projecteur de la mémoire, comme nous avons tenu à rendre hommage à Mme Aurélie Gsell, qui, cachée sous le nom de « Rembobinette », fait un exceptionnel travail de collecte de témoignages oraux.

La mémoire se renouvelle. Ce renouvellement passe par des acteurs nouveaux, pour qui le Souvenir Français a une grande considération.

Serge BARCELLINI

Contrôleur Général des Armées (2s)
Président Général de l'association "Le Souvenir Français"

Lettre N°94 : Le temps de l'Indochine

Le 7 mai 1954, les armées françaises étaient vaincues à Dien Bien Phu.

Le 20 juillet 1954, la signature des accords de Genève mettait fin à la longue histoire de la présence française sur les terres indochinoises.

La France n’a pas à rougir de son œuvre dans ces terres asiatiques. Ce fut une histoire partagée, faite de pages de lumière - l’économie, l’urbanisme, l’éducation, la santé …. - et d’ombre – en particulier cette longue guerre d’Indochine, qui, de 1946 à 1954, fit plus de 500 000 morts.

70 ans sont passés. Alors que nous rapatrions 6 corps de combattants retrouvés à Dien Bien Phu, il nous appartient de nous souvenir.

D’abord de ceux qui, au nom de la République, ont combattu en Indochine.

Souvent victorieux, mais combien de fois souffrant – souvenons-nous de ceux qui furent prisonniers après Dien Bien Phu, souvent dans les camps viet que la République française a reconnus au même titre que les camps de déportation nazis.

Souvenons-nous aussi des combattants coloniaux et des combattants vietnamiens qui étaient à nos côtés.

Tous étaient la France.

70 ans sont passés. Alors que le Vietnam, le Laos et le Cambodge ont su développer une vie économique dynamique, alors que le tourisme est partout présent et s’empare de la « cuvette de Dien Bien Phu », il nous appartient d’être capable de construire une histoire partagée avec chacun de ces trois pays.

70 ans sont passés. Le temps est venu d’une histoire complète et scientifique et d’une mémoire apaisée.

Serge BARCELLINI

Contrôleur Général des Armées (2s)
Président Général de l'association "Le Souvenir Français"

Lettre N°93 : Le capitaine N'Tchoréré, notre fierté

Mettre en lumière la participation des troupes africaines aux combats contemporains menés par les troupes françaises est dans l’air du temps. On ne compte plus les livres, les films ou les expositions qui sont consacrés aux « Tirailleurs sénégalais » à un tel point que souvent on en oublie la réalité des chiffres. Les Tirailleurs sénégalais et plus largement les combattants coloniaux ne furent ni en 14/18, ni en 39/45, ni en Indochine, et ni en Algérie, la « chair à canon » que certains dénoncent.

S’il fallait étudier la participation de chaque « région » aux combats des deux guerres mondiales au regard de leurs "Morts pour la France", la Bretagne arriverait largement en tête des régions qui ont le plus donné à la France.

Après ce rappel, deux faits essentiels sont à préciser.

Le premier porte sur les massacres dont les Tirailleurs ont été victimes en 1940 pour des raisons raciales. Lorsque l’on parle de racisme, souvenons-nous de ce que subirent les combattants noirs de nos armées en 1940. Souvenons-nous du capitaine N’Tchoréré froidement abattu à Airaines (Somme) le 7 juin 1940 parce qu’il refusait de croiser les bras au-dessus de sa tête ainsi que devaient le faire les seuls prisonniers africains et de se laisser isoler des officiers métropolitains.

Sorti major de sa promotion en 1922 à l’école des officiers d’Outre-mer de Fréjus, le capitaine N’Tchoréré refusait d’être considéré comme un « Untermensch » (« sous-homme »). Il faisait la fierté de l’armée française.

Rendre hommage à N’Tchoréré, c’est se souvenir de tous ceux qui furent massacrés par les troupes allemandes pour des raisons raciales.

Le capitaine N’Tchoréré est notre fierté partagée.

Le second fait essentiel qui nous oblige à nous souvenir, c’est la nécessité de partager une histoire commune entre la France et l’Afrique. La France et les pays africains, qui constituaient hier l’empire colonial français et qui sont aujourd'hui indépendants, partagent l'histoire des combats menés ensemble pour sauver la liberté des nations européennes. Une histoire partagée dont nous devons rappeler que si elle a des pages d’ombre, elle a aussi des pages de lumière. Une histoire partagée qui est aujourd’hui encore plus nécessaire alors que nombreux pays africains s’éloignent de la France.

Les Tirailleurs sénégalais, sont les témoins d’une histoire qui nous est commune.

A nous de nous en souvenir.

Serge BARCELLINI

Contrôleur Général des Armées (2s)
Président Général de l'association "Le Souvenir Français"

Lettre N°92 : Ne les oublions pas

Le 8 mars est la Journée internationale des droits des femmes. Un moment qui permet aussi de rappeler leur rôle dans les guerres et conflits contemporains. Ce sont elles qui permirent à l’économie française de ne pas s’écrouler durant la Première Guerre mondiale. Ce sont elles qui permirent aux milliers d’hôpitaux militaires de l’armée de fonctionner. Ce sont elles qui jouèrent un rôle considérable dans la Résistance. Mais, ce sont elles aussi qui subirent la torture et la mort.

Ce 8 mars 2024, alors que le nom d’Olga Bancic a été rappelé dans le cadre de la panthéonisation de Missak Manouchian et de la mise à mort au Mont Valérien des vingt-deux de l’Affiche rouge, il nous a semblé nécessaire de braquer le projecteur sur les Françaises qui furent guillotinées par les nazis qui, en accord avec le gouvernement de Vichy, les transféraient en Allemagne pour subir leur peine. Hommage doit être rendu à ces femmes qui furent guillotinées « pour la France ».

Ces femmes méritent d’être connues. Leur souvenir doit s’inscrire dans notre Mémoire. Que ce 8 mars 2024 en soit l’occasion.


Serge BARCELLINI

Contrôleur Général des Armées (2s)
Président Général de l'association "Le Souvenir Français"

Lettre N°91 : Missak Manouchian et l'Affiche rouge

Qui peut s’opposer à l’entrée au Panthéon de Missak Manouchian ? Ce résistant d’origine arménienne et fusillé au Mont-Valérien le 20 février 1944 ? Les autorités allemandes en firent le symbole des étrangers qui combattaient pour la liberté de la France. Ils en firent le chef de l’Affiche rouge, même si la responsabilité était celle de Joseph Epstein, dit Colonel Gilles, Missak Manouchian mérite pleinement l’hommage que la République lui rend.

Interrogeons-nous cependant sur le lieu choisi.

En 1945, le général de Gaulle fit le choix d’inhumer, au Mont-Valérien, les corps de 15 combattants "Morts pour la France" en « héros ». Chacun de ces corps fut choisi avec une particulière attention pour porter le témoignage d’une France combattante et victorieuse. Les résistants de l’ombre et en particulier les FTP (pour ne rien dire des MOI) n’ont pas eu de place dans ce choix comme n’eurent pas de place les fusillés de la clairière. En 1954, le gouvernement rajouta un 16e corps, celui d’un combattant "Mort pour la France" en Indochine contre les Japonais. Il était donc possible de rajouter des corps…

En 1945, le Mont-Valérien symbolisa désormais la mémoire de la France combattante. Et pourtant ce n’est pas au Mont-Valérien que l’on inhuma le chef de la 2e DB, le Général Leclerc, mais dans le caveau des Gouverneurs aux Invalides en 1947. C’est là, plus tard, aussi que furent inhumés deux autres maréchaux – Juin et Koenig - le chef du Corps expéditionnaire d’Italie et le héros de Bir Hakeim. Nous pouvions penser alors que ce choix était lié au fait qu’aucun des trois futurs maréchaux n’était "Mort pour la France".

Et pourtant ce n’est pas non plus au Mont-Valérien que fut inhumé Jean Moulin en 1964 mais au Panthéon alors que lui était "Mort pour la France". Avec l’entrée successive d’autres résistants (Germaine Tillon, Geneviève de Gaulle, Pierre Brossolette et Joséphine Backer) mais aussi des victimes de la Seconde Guerre mondiale (Simone Veil qui rappelle seule la Shoah ainsi que Jean Zay tué par les miliciens), Mont-Valérien, Invalides et Panthéon se partagent désormais la Mémoire de la France Combattante.

Même si pour certains panthéonisés, ce choix élargit les thématiques mémorielles en ouvrant sur des communautés, Missak Manouchian, "Mort pour la France", rappelle aussi le génocide arménien ainsi que les combats actuels pour survivre de la nation arménienne.


Serge BARCELLINI

Contrôleur Général des Armées (2s)
Président Général de l'association "Le Souvenir Français"

Lettre N°90 : Le temps des commémorations décennales

Les commémorations décennales jouent un rôle essentiel dans la vie commémorative française. Il en a été ainsi en particulier pour le bicentenaire de la Révolution en 1989 et le centenaire de la Première Guerre mondiale (2014-2018).  

Ainsi, tous les dix ans, la mémoire de la Première et de Seconde Guerre mondiale est replacée sous les projecteurs de l’actualité. Souvenons-nous de grands anniversaires, en particulier celui de 1964, marqué par la volonté du général de Gaulle de rendre hommage aux combattants de 14/18 (50ème anniversaire de 1914) et à ceux de 1944 (20ème anniversaire) ; et celui de 1984 marqué par la volonté de François Mitterrand de rendre hommage aux libérateurs de la France à l’occasion du 40ème anniversaire de 1944.

Mais tous ces anniversaires décennaux n’ont pas le même « poids commémoratif ». En fonction de l’allongement de la vie, trois sont essentiels :

  • Les 40ème anniversaires : c’est le moment où l’on peut rassembler le plus grand nombre d’acteurs d’une page d’histoire, dont une majorité ont atteint la retraite.
  • Les 70ème anniversaires : c’est le moment où les derniers acteurs, ceux qui étaient jeunes au moment des faits peuvent encore témoigner d’avoir participé à l’événement commémoré.
  • Les 80ème anniversaires enfin : c’est le moment où les acteurs cèdent la place aux derniers témoins, ceux « qui ont vu se dérouler l’événement ».

A partir du 90ème anniversaire, la place est cédée intégralement aux historiens, aux descendants et aux nouveaux acteurs mémoriels.

2024 n’échappe pas à cette périodisation : 70ème anniversaire de la fin de la guerre d’Indochine et de Dien Bien Phu, le temps des derniers acteurs ; 80ème anniversaire de la Libération de la France, le temps des derniers témoins ; 110ème anniversaire du début de la Première Guerre mondiale, le temps de la recherche historique et du renouvellement des acteurs mémoriels.

Le Souvenir Français sera présent et mobilisé pour ces trois temps de la commémoration.

Serge BARCELLINI

Contrôleur Général des Armées (2s)
Président Général de l'association "Le Souvenir Français"

Lettre N°89 : Varian FRY

Nous avons souhaité rendre hommage à Varian FRY, cet homme qui sauva la vie de Marc Chagall, de Max Ernst, d’André Breton et de deux mille autres personnes.

Journaliste new-yorkais, il est mobilisé par l’Emergency Rescue Committee (ERC), le comité de Sauvetage d’Urgence dont il est le représentant à Marseille à partir du 14 août 1940. Confronté au drame humain des milliers d’opposants au nazisme, des exclus du pouvoir de Vichy, des juifs français et étrangers qui se rassemblent à Marseille, sa mission qui devait durer trois semaines se transforma en une aventure éprouvante de 13 mois.

Grâce à lui et à son équipe, 2 000 personnes peuvent quitter la France munis de faux papiers. Ils furent sauvés. Cette action déplait au gouvernement de Vichy mais aussi au gouvernement américain, alors neutre dans le conflit européen.

Le 16 septembre 1941, Varian FRY était expulsé du territoire français. De retour aux Etats-Unis, il essaya par tous les moyens de sensibiliser l’opinion publique américaine au sort des juifs en Europe, mais il fut largement marginalisé.

En 1945, l’ouvrage où il décrivait son action était censuré. Il décéda, oublié de tous, le 13 septembre 1967, quelques semaines après avoir reçu une légion d’honneur tardive.

Alors que le monde redécouvre la difficulté de « sauver des vies », alors que le monde redécouvre l’égoïsme des Etats quant à l’ouverture des frontières aux populations civiles chassées par la guerre, Varian FRY nous montre ce que l’engagement d’un homme peut réaliser dans les moments sombres de notre histoire.

Serge BARCELLINI

Contrôleur Général des Armées (2s)
Président Général de l'association "Le Souvenir Français"

Lettre N°88 : Le 11 novembre, une histoire de mémoire

L’inscription de la journée nationale du 11 novembre dans le calendrier commémoratif national a été imposée par les associations d’anciens combattants face à un gouvernement rétif qui ne souhaitait pas créer une nouvelle journée fériée.

Le 24 octobre 1922, le 11 novembre devenait une journée fériée, la fête des poilus. Depuis lors, les journées commémoratives ont connu une exceptionnelle inflation :

 - De 1880 à 1923 elles n’étaient que quatre (14 juillet ; Fête de Jeanne d’Arc ; 2 novembre hommage aux « Morts pour la France » ; 11 novembre)
 - De 1954 à 1981 deux journées furent créées (la journée de la Déportation et le 8 mai)

 - Depuis 1983, la machine s’est emballée : 11 journées ont été créées (Journée d’hommage aux victimes du terrorisme ; Journée du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc ; Journée de commémoration du génocide des Tutsis au Rwanda ; Journée nationale en mémoire du génocide arménien ; Journée commémorative du souvenir de l’esclavage et de son abolition ; Journée nationale de la Résistance ; Journée nationale d’hommage aux « Morts pour la France » en Indochine ; Journée nationale commémorative de l’appel du général de Gaulle le 18 juin 1940 ; Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’Etat français et d’hommage aux Justes de France ; Journée nationale d’hommage aux harkis et autres membres des formations supplétives ; Journée nationale d’hommage aux morts de la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie).

La France est désormais le premier pays du monde en nombre de journées commémoratives nationales !

Dans ce calendrier, le 14 juillet, le 8 mai et le 11 novembre s’imposent comme les trois journées qui fédèrent l’ensemble des Français.

Le 11 novembre présente une histoire mémorielle essentielle dont on rappellera cinq moments forts :
11 novembre 1920 : le transfert du Soldat Inconnu sous l’Arc de Triomphe
11 novembre 1923 : l’allumage de la Flamme sous l’Arc de Triomphe
11 novembre 1940 : la manifestation des lycéens et des étudiants parisiens
11 novembre 1943 : le défilé des maquisards de l’Ain à Oyonnax

11 novembre 1944 : la cérémonie présidée par le général de Gaulle.

Alors que les guerres se réveillent tant en Europe que dans le Monde, le 11 novembre s’impose aujourd'hui plus qu'hier - rappelons ici la loi du 28 février 2012 qui prévoit que la journée du 11 novembre soit aussi un jour d'hommage à l'ensemble de ceux qui sont "Morts pour la France" qu'ils soient civils ou militaires, qu'ils aient péri dans des conflits actuels ou des conflits anciens - comme la journée de rassemblement de tous les Français.
Serge BARCELLINI

Contrôleur Général des Armées (2s)
Président Général de l'association "Le Souvenir Français"

Lettre N°87 : Mourir pour Beyrouth ? 

Le 23 octobre 1983, 58 militaires français étaient tués lors d’une explosion dans le quartier général qui les abritait, le bâtiment du Drakkar à Beyrouth. 58 soldats intégrés dans la Force Multinationale d'Interposition (FMI). Chacun d’entre eux avait répondu aux ordres de leurs chefs.

Ils étaient venus dans le cadre d’une politique nationale de la France, décidée par le gouvernement.

Ils étaient venus afin de prolonger cet amour du Liban qu’ont toujours manifesté les gouvernements français depuis le XIXème siècle. Le Liban, ce territoire francophile traversait alors une crise qui mettait en jeu son avenir. 

Les 58 cercueils rassemblés aux Invalides créèrent un moment d’émotion partagée pour un grand nombre de nos concitoyens.

Et puis l’oubli.

Que reste-t-il aujourd’hui, 40 ans plus tard dans la mémoire nationale, de ce drame ? Que reste-t-il dans notre souvenir de ces 58 soldats ?

Il est sans doute plus difficile de faire mémoire de ces combattants tombés au Liban dans une guerre cachée que pour les Poilus de 14-18 ou les Résistants de 40-44.

Faire mémoire du Drakkar, c’est pourtant se forcer à comprendre les enjeux du temps présent. C’est se forcer à comprendre que mourir pour la France, c’est aussi mourir pour Beyrouth.

Il appartient au Souvenir Français de porter leur mémoire, car elle est la nôtre.

Serge BARCELLINI

Contrôleur Général des Armées (2s)
Président Général de l'association "Le Souvenir Français"

Lettre N°86 : Jean Moulin et Le Souvenir Français

"Je suis de ceux qui pensent que la République ne doit pas renier ses origines et qu’elle doit, tout au contraire, se pencher avec fidélité, avec respect, sur les grandes heures qui ont marqué sa naissance. Et c’est pourquoi il m’est infiniment agréable de voir que, dans ce département, des hommes s’assemblent tous les ans, unis par la même ferveur, pour perpétuer le culte de l’un de ceux qui ont semé le meilleur de notre idéal".

Tel est l’hommage rendu par Jean Moulin, préfet d’Eure-et-Loir, le 5 mars 1939, au général François Séverin Marceau, né à Chartres le 1er mars 1769. 

Nous tenons aujourd’hui le même discours pour rendre hommage à Jean Moulin. C’est lui le héros "qui a semé le meilleur de notre idéal". En choisissant Chartres pour organiser son assemblée générale annuelle en 2023, c’est à lui que nous avons pensé dans ce temps commémoratif du 80ème anniversaire de sa disparition. C’est à lui que nous avons pensé en relisant la définition donnée par Ernest Renan en 1882 de l’utilisation des grands hommes dans la construction des Nations. "Un passé héroïque, des grands hommes, de la gloire (j’entends de la véritable) voilà le capital social sur lequel on assied une idée nationale".

Dans un temps marqué à la fois par une banalisation des hommages nationaux et par une remise en cause de nombreux héros du passé, rendre hommage à Jean Moulin à Chartres, c’est rappeler ce qu’il déclarait lui-même à son ami Pierre Meunier, quelques jours avant son arrestation à Caluire : "Depuis le 17 juin 1940 [jour où il refusa de signer un texte infamant pour l’armée française et où il tenta de se suicider à Chartres] je suis un mort en sursis".

Pour ceux qui partagent la passion de la mémoire lumineuse de la Nation, rendre hommage à Jean Moulin, c’est faire le choix de la "véritable gloire".

Photo : Monument Jean Moulin à Chartres

Serge BARCELLINI

Contrôleur Général des Armées (2s)
Président Général de l'association "Le Souvenir Français"

Lettre N°85 : Les trois couleurs

Valentin Francy portait fièrement le drapeau du comité du Souvenir Français de Brive. En mars 2023, il a été assassiné à Paris. Il avait 21 ans. Afin de lui rendre hommage, nous remettrons chaque année un prix à un jeune porte-drapeau d’un drapeau tricolore rentrant dans le cadre de la « Seconde Vie des drapeaux » dans un établissement scolaire.

Le drapeau tricolore a une histoire. Il est l’un des symboles de notre nation. Il nous appartient donc de renforcer sa présence dans notre environnement.

Il nous appartient surtout de faire comprendre son histoire. Le drapeau tricolore n’est pas qu’un morceau de tissu que l’on agite dans un stade, il est le symbole d’un « Peuple » qui s’est fait « Nation ».

Rappelons-nous cinq étapes de son adoption par la République :
  • 17 juillet 1789, Louis XVI reçoit la cocarde tricolore à l'Hôtel de Ville de Paris,
  • 20 mars 1790, l'Assemblée Nationale décide que les officiers municipaux en fonction porteront une écharpe aux trois couleurs,
  • 1814, le Restauration rétablit le drapeau blanc,
  • 1830, Louis-Philippe rétablit le drapeau tricolore,
  • 1848, Lamartine impose définitivement le drapeau tricolore comme drapeau de la République,

Afin de participer à cet enracinement de la connaissance, Le Souvenir Français a mis en œuvre une politique volontariste, baptisée « La Seconde Vie des drapeaux ». Une politique qui consiste à « mettre en résidence » pour 3 années, dans des établissements scolaires, les drapeaux des associations d’anciens combattants dissoutes. Ces drapeaux doivent impérativement sortir portés par une garde d’honneur de l’établissement les 8 mai et les 11 novembre.

C’est ainsi que des milliers de jeunes sont en résonnance avec notre symbole national. Nos trois couleurs ont une histoire. À nous de la faire connaître à tous ceux qui seront la France de demain.

Serge BARCELLINI

Contrôleur Général des Armées (2s)
Président Général de l'association "Le Souvenir Français"

Lettre N°84 : Les dissidents

Les Antilles et la Guyane présentent une particularité dans le domaine de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale : la dissidence.

Cette particularité est d’abord historique. Contrairement à la « métropole », les Antilles et la Guyane ne furent pas occupées par les armées allemandes. Elles restèrent sous la direction du gouvernement de Vichy. La résistance des héros ne sera donc pas anti-allemande mais anti-vichyste.

Cette résistance se concrétisera par des départs ; près de 5 000 jeunes vont quitter la Guyane, la Guadeloupe et la Martinique, afin de rejoindre les îles anglaises de la Dominique et de Sainte-Lucie ou le Surinam, comme première étape en direction des Etats-Unis ou du Canada. Après des stages de formation militaire, ces jeunes vont, pour un nombre important d’entre eux, rejoindre les formations combattantes en Europe.

Cette particularité est également mémorielle. Pendant des décennies, la dissidence a été occultée, d’abord par crainte qu’elle fasse le lit, au lendemain de la Libération, des partis indépendantistes, ensuite par tentation de hiérarchisation, les dissidents n’étant pas considérés comme de « vrais » résistants..

80 ans après la guerre, et alors que le rôle collaborationniste du gouvernement de Vichy a été « revu à la hausse » les dissidents ont trouvé toute leur place dans notre épopée nationale.

En rendant hommage à Masséna Desbonnes le 25 avril 2023 sur sa tombe aux Saintes, j’ai tenu à associer le nom de ce dissident à celui de Camille Mortenol, ce héros guadeloupéen de la Première Guerre mondiale.

14-18 intégrait les Antilles dans l’histoire de la République, 40-44 donne à ces îles une histoire combattante singulière.

Serge BARCELLINI

Contrôleur Général des Armées (2s)
Président Général de l'association "Le Souvenir Français"

Lettre N°83 : Patria non immemora

« La patrie n’oublie pas » telle est l’inscription latine sur le revers de la Médaille de la Résistance.

Créée il y a 80 ans, cette Médaille reconnait « les actes remarquables de foi et de courage qui, en France, dans l’Empire et à l’étranger auront contribué à la Résistance du peuple français contre l’ennemi et contre ses complices depuis le 18 juin 1940 ».

80 ans et jamais autant qu’aujourd’hui la symbolique de cette médaille ne s’impose à nous. L’Ukraine nous montre combien la résistance est capable d’unir un peuple qui lutte pour sa survie.

65 000 combattants se sont vu décerner cette médaille voulue par le général de Gaulle. C’est à la fois peu pour 40 millions de Français d’alors, et beaucoup pour un pays occupé.

Souvenons-nous donc en découvrant les combats quotidiens de l’Ukraine qu’il y a 80 ans, la France, c’était l'Ukraine.

Serge BARCELLINI

Contrôleur Général des Armées (2s)
Président Général de l'association "Le Souvenir Français"

Lettre N°82 : Les Justes

4281 Français ont été reconnus Justes parmi les Nations par l’Institut International pour la mémoire de la Shoah de Yad Vashem.

En sauvant une famille, un père, une mère, des enfants juifs, recherchés par les nazis épaulés par les autorités du gouvernement de Vichy, chacun d’entre eux a bien servi la France, la France républicaine, celle des droits de l’Homme et des Lumières.

Ces 4281 Justes sont la partie émergée de tous ces Français qui ont refusé la collaboration et qui ont permis à notre pays de sauver la majeure partie de la communauté juive.

Ces Justes sont aux côtés des Résistants, l’Honneur de la France. A tous ceux qui surdimensionnent les pages d’ombre de notre histoire, il nous appartient d’opposer ces pages de lumière.

Parmi ces héros, citons Jean Nallit, lui qui fut Résistant et reconnu Juste, lui qui fut aussi le président du comité du Souvenir Français de Caluire (Rhône). Un square dans cette commune sera baptisé de son nom et de celui de son épouse.

Fidèle à son ADN, aux côtés du Comité Français pour Yad Vashem, Le Souvenir Français a décidé de participer à la sauvegarde des tombes des Justes en déshérence dans les cimetières communaux.

Marthe Potvin a sauvé la famille Tsyboula à Chatenay-Malabry. Le 4 avril, sa tombe s’imposera comme un élément essentiel du parcours de mémoire de cette ville. Sa tombe, comme toutes celles des Justes en France sera notre mémoire.

Pour en savoir plus sur Jean Nallit : cliquer ICI

Photo : Plaque rendant hommage aux Justes, Panthéon de Paris

Serge BARCELLINI

Contrôleur Général des Armées (2s)
Président Général de l'association "Le Souvenir Français"

Compagnon du devoir... de Mémoire 

Alors qu’au cimetière de l’Ouest, à Châlons, j’étais affairé à peindre les croix d’une sépulture de corps restitué de la Grande Guerre, une jeune femme m’avait interpellé 
- Que faites vous donc là ?
- Je redonne un peu de neuf au dernier repos de ce Mort pour la France, lui répondis-je. 
- Des Morts pour la France, qu’est-ce donc ? 
Cette interrogation m’avait rappelé la réponse d’un jeune vendeur boucher d’une grande surface à qui je sollicitais une "côte de cochon" que je lorgnai depuis quelques instants. "J’ai pas ça !" me suis-je entendu répondre. Je me rendis compte alors qu’en quelques décennies, des mots avaient disparu de notre langage courant et pour certains, remplacés par d’autres. Je restais songeur, pinceau en main, comme je l’avais été, ensuite un instant, devant cette côte de porc, étalée dans mon assiette. Je pris alors un plaisir certain à expliquer à cette dame le travail que nous, compagnons du Souvenir Français, effectuions régulièrement dans les cimetières de notre secteur. Moi, volubile ; elle, curieuse ! Nous fîmes à deux le tour de ces petits "métiers" qu’un bénévole efficace doit plus ou moins maîtriser afin de redonner vie, (si je puis dire), à des sépultures en déshérence. Marteau, burin, pinceau, chlore, antimousse, râteau, j’énumérai les outils et les besoins de la cause, évoquant également les déplacements sur des cimetières éloignés. 
- Vous êtes comme les Compagnons du Devoir ! Me souffla-t-elle, alors que j’achevais mon explication. 
- Eh oui, petite madame, tout pareil ! Et au fur et à mesure de la besogne, on apprend. On apprend pour ceux dont on s’occupe et de ceux sur qui on se penche. Leur histoire, leur vie, leur fin. 

- Compagnons du Devoir, dis-je … Compagnons du Devoir de Mémoire ! 

Rejoignez-nous ! 

Alain GIROD
Secrétaire du comité de Châlons-en-Champagne

Lettre N°81 : Femmes engagées 

« Vous avez contribué, Madame, à entretenir l’éclat et le charme de sa maison », telle est la seule phrase adressée à Inès Lyautey en clôture de l’oraison funèbre prononcée à la cathédrale de Nancy, lors de la disparition du maréchal Lyautey, par celui qui était alors Ministre de la Guerre, le maréchal Philippe Pétain.

Inès Lyautey, cette femme au destin exceptionnel, infirmière de guerre, créatrice de la Croix-Rouge au Maroc, directrice de la Croix-Rouge en France, était perçue seulement comme une femme au foyer.

En ce 8 mars 2023, journée internationale des droits des femmes, le Souvenir Français a souhaité mettre ce destin en lumière en étroit partenariat tant avec la Fondation du Maréchal Lyautey qu’avec la Croix-Rouge.

Autour de son symbole, nous souhaitons rappeler la place exceptionnelle que tiennent les infirmières militaires.

Hier comme aujourd’hui, elles portent à la fois une dimension médicale et une dimension d’écoute, deux ardentes demandes des soldats au combat.

Le monument aux infirmières de Reims, inauguré il y a 99 ans à la mémoire de 68 000 infirmières mobilisées, de 105 infirmières tuées lors de bombardements et de 246 infirmières mortes de maladies contractées en service, nous rappelle cette histoire.

En partenariat avec la municipalité de Reims et sous la présidence de Mme Patricia Mirallès, secrétaire d’État auprès du ministre des Armées, chargée des Anciens combattants et de la Mémoire, une cérémonie leur rendra hommage, comme elle rendra hommage à toutes les infirmières de la Seconde Guerre mondiale dont le symbole reste les Rochambelles, comme elle rendra hommage à toutes les infirmières des guerres d’Algérie et d’Indochine dont le symbole reste Geneviève de Galard « l’Ange de Dien Bien Phu », comme elle rendra hommage à toutes les infirmières qui aujourd’hui sont aux côtés de nos soldats. C'est le destin de ces femmes qui apportent à la France l’éclat de leur passion, de leur disponibilité et de leur action, qu’il nous appartient de mettre en lumière.

Serge BARCELLINI

Contrôleur Général des Armées (2s)
Président Général de l'association "Le Souvenir Français"

Lettre N°80 : Ukraine, notre mémoire partagée 

Il y a un an, l’armée russe entrait en Ukraine. Une guerre que beaucoup prévoyaient courte mais qui s'inscrit dans la durée en raison de l'exceptionnelle résistance ukrainienne.

La guerre fait rage en Europe. Un an. Alors partageons la mémoire franco-ukrainienne.

En France,

Celle de la centaine de soldats ukrainiens engagés dans les troupes allemandes d’occupation qui désertent et rejoignent les maquis de France. Souvenons-nous des 7 Ukrainiens qui avaient rejoint les maquisards et qui sont "Morts pour la France". 

Ils sont inhumés à Vercel-Villedieu-le-Camp dans le Doubs.

Celle des dizaines de milliers de prisonniers de guerre ukrainiens des armées soviétiques transférés en Alsace-Moselle occupée, en qualité de travailleurs-esclaves dans les mines de charbon et de fer, et parmi eux, tous ceux qui, jugés inemployables, furent transférés dans le camp d’internement de Ban-Saint-Jean (Moselle) où ils sont morts de faim et de maladie.

Ils sont aujourd’hui inhumés dans la nécropole nationale de Noyers-Saint-Martin dans l'Oise.

En Ukraine,

Celle des prisonniers de guerre soviétiques, belges, serbes et français internés dans le camp de Rawa-Ruska, à proximité de Lviv, créé par le commandement allemand entre 1942 et 1944. Considérés comme des prisonniers de guerre dangereux par le pouvoir nazi, ils furent des dizaines de milliers dont plus de 2 000 Français à souffrir et à mourir dans ce camp que Winston Churchill qualifia de « camp de la goutte d’eau et de la mort lente ».

La guerre en cours fait redécouvrir à nos concitoyens la réalité de la belle et courageuse nation ukrainienne. Qu’ils en découvrent aussi notre mémoire partagée.

Serge BARCELLINI

Contrôleur Général des Armées (2s)
Président Général de l'association "Le Souvenir Français"

Lettre N°79 : Et si nous réagissions ? 

Savez-vous que chaque semaine, vous pouvez acquérir sur Internet des drapeaux d’associations d’anciens combattants, des plaques funéraires provenant de tombes familiales dans lesquelles étaient inhumés des combattants, des décorations de résistants ou de poilus, des dossiers administratifs de combattants ?.

Savez-vous que ce qui était considéré hier comme « sacré » est devenu banal ?

Savez-vous que les objets dits patriotiques sont désormais entrés sur le marché ? Internet a accéléré cette entrée. Aujourd’hui, tout se vend !

Le Souvenir Français s’oppose à cette « libéralisation sans frontière ». Une nation est construite sur des souvenirs partagés. Ces souvenirs sont matérialisés par des drapeaux, des plaques funéraires, des décorations, etc.

La disparition de ces objets conduira inexorablement à l’effondrement de la Nation.

Alors réagissons !

A cette fin, le Souvenir Français a nommé un « veilleur », Monsieur Jean-Pierre Mennessier, qui chaque jour repère sur Internet les ventes « d’objets » mémoriels. Chaque jour, il tente d’arrêter ces ventes, chaque jour nous déposons des plaintes.

Internet est une formidable invention. Nous acceptons le progrès, mais nous sommes de ceux qui pensent que le progrès doit toujours être au service de l’homme et pourquoi ne pas le dire, au service des Nations.

Alors si nous réagissions ?

(image d'illustration)

Serge BARCELLINI

Contrôleur Général des Armées (2s)
Président Général de l'association "Le Souvenir Français"

Lettre N°78 : Dessine-moi un souvenir ! 

Rendre hommage à Saint-Exupéry en cette année marquée par le 80ème anniversaire de la publication du Petit Prince, c’est d’abord partager avec 400 millions de lecteurs cet exceptionnel livre.

C’est ensuite redécouvrir une œuvre littéraire, poétique et philosophique qui marque un moment de l’histoire universelle. C’est aussi rendre hommage à un aviateur « Mort pour la France » qui honore les « ailes » françaises. C’est enfin réfléchir aux citations qui émaillent l’ensemble de son œuvre.

J’en ai privilégié une seule, tirée de Citadelle « N’espère rien de l’homme s’il travaille pour sa propre vie et non pour son éternité ». Œuvrer pour l’éternité c’est ce que fait Le Souvenir Français à travers sa devise « A nous le souvenir, à eux l’éternité ».

Œuvrer pour l’éternité c’est ce qu'a construit le petit prince à travers cette phrase dont chacun se souvient « Dessine-moi un mouton ! ».

Œuvrer pour l’éternité, ce fut la passion d’Antoine de Saint-Exupéry, c’est cette passion que nous partageons. Le 31 juillet 1944 aux commandes de son Lockheed, il survolait la Méditerranée dans laquelle il allait disparaître. C’est la passion de la France, de la vie et de l’éternité qu’il vivait.

Et si le petit prince nous demandait de lui dessiner un Souvenir !

Serge BARCELLINI

Contrôleur Général des Armées (2s)
Président Général de l'association "Le Souvenir Français"

Lettre N°77 : 14-18, Relever le défi de l'Avenir

Le 11 novembre 2022 marquera le 100ème anniversaire de l’institution du 11 novembre comme journée commémorative nationale.

Alors que s’éloigne le souvenir de la Grande Guerre et que beaucoup ont pronostiqué la fin de cette page de mémoire en 2018 lorsque se clôturerait le centenaire, il nous appartient de réfléchir sur les défis à relever pour sauvegarder ce temps central de l’histoire des Français.

Trois apparaissent essentiels.

D’abord celui d’inscrire les lieux mémoriels de la Grande Guerre au sein du patrimoine mondial de l’UNESCO. Relever ce défi, alors que s’éloigne la connaissance de la Grande Guerre et que les symboles des nécropoles militaires sont  incompris par un grand nombre de citoyens, alors que le tourisme de mémoire remplace les pèlerinages et ouvre le temps de la concurrence entre les communes et des départements du « front », et alors que la France s’impose comme le centre de la mémoire des pays belligérants du monde, il nous apparait essentiel d’inscrire la Grande Guerre au sein de l’UNESCO, à travers l’outil que constitue l’inscription au patrimoine mondial des cimetières militaires de la Grande Guerre. Les étapes de ce dossier que je conduis avec Madame Marie-Madeleine Damien, secrétaire générale de l’association "Paysages et sites de mémoire de la Grande Guerre" sont expliquées dans l’interview que cette dernière nous a donnée.

Ensuite, être capable de renouveler la connaissance de ces pages de notre histoire. Renouveler la connaissance de l’histoire des Soldats Inconnus, ainsi que vous le lirez dans l’article rédigé par François Cochet. Renouveler la connaissance de ce que fut la place des religions dans la Grande Guerre ainsi que nous venons de le faire avec l'installation d'une exposition permanente dans la sacristie de la chapelle du Souvenir Français de Bouchavesnes-Bergen dans la Somme. Renouveler la connaissance des hommes qui furent les acteurs de l’histoire de cette guerre et les acteurs de sa mise en mémoire ; tel est le cas de Gabriel Boissy dont le Souvenir Français souhaite imposer la connaissance, ou Francis Simon, ce président du Souvenir Français du comité de Rennes, qui le premier, eut l’idée d’inhumer à Paris un Soldat Inconnu, représentatif de tous les « Morts pour la France ».

Enfin, sauvegarder partout les tombes des combattants « Morts pour la France » inhumés dans des tombes familiales. Ces tombes disparaissent. Ces disparitions sont des fautes mémorielles car ces tombes sont des éléments des futurs « chemins de mémoire » dont devrait se doter chaque commune de France.

La mémoire de la Grande Guerre n’est pas celle d’un temps achevé. Elle est au contraire un moment d’une connaissance sans cesse renouvelée et un combat pour sauvegarder et faire vivre les lieux du souvenir.

A nous de relever ce défi de l’avenir.

Photo : Logo de l'association "Paysages et Sites de mémoire de la Grande Guerre"

Serge BARCELLINI

Contrôleur Général des Armées (2s)
Président Général de l'association "Le Souvenir Français"

Quête 2022... Nous comptons sur vous.

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Lettre N°76 : Croire au front

Deux dates pour nous interroger.

1905 : loi de séparation des Eglises et de l’Etat.

1920 : loi de création de la journée nationale commémorative en hommage à Jeanne d’Arc.

Entre ces deux dates, s'ouvre une ère nouvelle avec la Première Guerre mondiale marquée par un retour au spirituel et au sacré.  

Alors que le 22 octobre 2022, Le Souvenir Français organise une exceptionnelle cérémonie pour ré-inaugurer la chapelle du Souvenir Français située entre Rancourt et Bouchavesnes-Bergen (Somme), alors que notre association réalise la première exposition permanente autour du thème des religions dans la Grande Guerre, nous avons souhaité nous interroger sur la reconquête religieuse qui accompagna la Première Guerre mondiale.

Croire au front, c’est s’interroger sur le formidable développement de l’inscription du cœur de Jésus sur les drapeaux tricolores.

Croire au front, c’est découvrir ce que fut l’activité des aumôniers catholiques, protestants, israélites et sur la fin de la guerre, musulmans.

Croire au front, c’est étudier les œuvres de poilus, cet artisanat dans les tranchées, dont tant portent des marques religieuses.

Croire au front, c’est s’interroger sur le choix de la stèle cruciforme pour les tombes de combattants dans les nécropoles nationales (pour tous, sauf pour ceux dont le livret militaire portait la référence d’une religion non chrétienne).

Croire au front, c’est parcourir les communes de France pour lire la place des symboles religieux sur les monuments aux morts.

La chapelle du Souvenir Français qui s’imposait comme le lien symbolique de la participation des soldats français à la bataille de la Somme, va désormais symboliser aussi le lieu de la connaissance des religions pendant la Première Guerre mondiale.

Alors que l’Ukraine nous fait découvrir le rôle de la religion orthodoxe dans la guerre, Rancourt nous donne à comprendre une grande page de notre histoire.

Serge BARCELLINI

Contrôleur Général des Armées (2s)
Président Général de l'association "Le Souvenir Français"

Saint-Memmie et le 5ème Groupe cycliste 

Le Souvenir Français propose une conférence intitulée «Saint-Memmie et le 5e Groupe cycliste».

Cette conférence retrace l’histoire de la bicyclette GÉRARD, vélo pliant, qui a équipé les bataillons de Chasseurs de l’armée française.

Christophe Lagrange, petit-fils d’un chasseur cycliste du 5e Groupe cycliste, mène des recherches sur cette unité particulière qui tint garnison à Saint-Memmie au début du premier conflit mondial.

En reconstituant le parcours de son grand-père entre 1914 et 1918, il a tout naturellement recherché la caserne Dutertre (actuelle mairie de Saint-Memmie) d’où celui-ci est parti avec ses camarades au début du mois d’août 1914.

Il ne manquera pas de nous présenter la monture de ces chasseurs cyclistes : la bicyclette pliante Gérard, fabriquée par Peugeot à plus de 45.000 exemplaires entre 1899 et 1920.

De nombreux documents d’époque illustreront son propos, une bicyclette GÉRARD et des documents seront visibles en exposition.

Membre de la Société d’histoire et d’archéologie du Sedanais (SHAS) et de la Société académique de St-Quentin (SAStQ), Christophe Lagrange a publié de nombreux articles et animé plusieurs conférences depuis 2011.

Il est également l'auteur de plusieurs blogs dont un sur le 5ème Groupe cycliste et un autre sur la bicyclette pliante Gérard.

Le vendredi 14 octobre 2022, conférence à 18 h et exposition à partir de 17 heures.
Espace culturel La Chapelle – 51470 Saint-Memmie
Entrée Libre
Renseignement au 06 87 27 84 56

Lettre N°75 : Notre mémoire partagée

1er septembre 1920, le projet de « Grand Liban » est présenté par le général Gouraud.

19 octobre 1922, la première pierre de la mosquée de Paris est posée.

Une mémoire partagée relie ces deux événements.

Mémoire partagée d’une guerre, la Première Guerre mondiale qui eut des conséquences dramatiques au Liban et pendant laquelle les combattants musulmans des armées françaises jouèrent un rôle important dans les combats qui permirent à la France et à ses alliés d’être victorieux.

Mémoire partagée d’une histoire plus large, celle où la France s’imposait sur les continents du monde comme une puissance coloniale.

Le moment colonial n’a aujourd’hui pas « bonne presse » mais comment comprendre le présent des nations africaines, comment comprendre le présent du Liban sans rappeler ce temps si proche et si lointain, 100 ans, où la France était présente au-delà des mers, ce temps où la religion musulmane s’imposait dans la géographie urbaine de Paris, ce temps où le Liban apparaissait comme le laboratoire de l’universalité ?

Partager la mémoire, c’est respecter l’histoire. Partager la mémoire, c’est donner au plus grand nombre, à ceux dont la généalogie familiale s’enracine dans « le cher et vieux pays » comme à ceux dont les racines généalogiques s’enracinent au-delà de notre nation, la fierté d’être acteur d’une mémoire partagée.

Serge BARCELLINI

Contrôleur Général des Armées (2s)
Président Général de l'association "Le Souvenir Français"

Il est possible de s'opposer aux pilleurs de tombes militaires...

Chers Compagnons et Amis,

Notre monde à tendance à faire commerce de tout…

Sauf que les objets de mémoire se doivent d’être protégés.

Veuillez prendre connaissance de cette courte vidéo qui montre l’action que mène le Souvenir Français contre ces agissements illégaux: 

https://www.lefigaro.fr/story/passionne-dhistoire-il-traque-les-pilleurs-de-tombes-militaires-15096

Des moyens existent donc pour s’opposer à ces mises en vente.

Nous avons déjà travaillé avec Jean-Pierre Mennessier, président du Comité de Friville-Escarbotin, pour récupérer la plaque du soldat André LEFEVRE disparue sur une tombe de Saint-Brice-Courcelles.

Il fait un travail remarquable.
Philippe LOUGES
Président du comité de Reims

Cérémonie du 14 Juillet 2021 à Sézanne. Reconnaissance au Souvenir-Français

Cette année, la cérémonie du 14 juillet a revêtu une ampleur particulière.

En présence des personnalités locales, des pompiers, des associations patriotiques et leurs drapeaux, de l'Harmonie municipale, une section en armes du 5ème. Régiment de Dragons de Mailly le Camp, concrétisait officiellement son jumelage avec la ville de Sézanne.

A l'issue de la cérémonie républicaine, Monsieur Héwak, maire, a tenu à inviter tous les participants à se diriger vers le mail des Cordeliers dont la statue monumentale honore les « soldats et marins du canton de Sézanne morts pour la Patrie » pendant la guerre de 1870 (Hommage qui n'avait pu être rendu en 2020, année de son cent cinquantenaire).

Monsieur Héwak voulait ainsi marquer la mémoire de cette guerre, un peu oubliée, et surtout mettre en exergue l'érection de ce monument par le Souvenir- Français ; son inauguration en septembre 1912 donna lieu à une fête grandiose présidée par le ministre du Commerce Léon Bourgeois, très populaire puisque chalonnais, accompagné de Xavier Niessen, fondateur du Souvenir- Français.

La cocarde tricolore qui vient d'être apposée orne désormais le socle de cette belle statue d'inspiration apaisée, non revancharde, un monument très rare à l'époque, de taille imposante, oeuvre d'un sculpteur local qui a reproduit les armes de la ville de Sézanne sur l'écu que tient une femme déposant des lauriers sur le front d'un héros mort gisant à ses pieds.

Avant le dépôt de gerbe, le colonel (h) Finck, vice -président du comité du Sud ouest marnais résumant cet historique en quelques mots, a rappelé à l'assistance que si en 75 ans (de 1870 à 1945), 3 guerres ont endeuillé notre Pays, depuis 75 ans, nous vivons dans la Paix. La minute de silence et la Marseillaise chantée ont clôturé l'hommage.

Nous devons honorer ceux qui se sont sacrifiés pour la Paix et transmettre ce flambeau aux jeunes générations afin qu'elles se souviennent.